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joue. C’est à ce jeu qu’il prit en lui-même une confiance insolente. Il est soldat comme ses aïeux ; mais c’est, comme eux, pour commander, non pour obéir. Entré, en 1838, dans les cuirassiers de la garde, il ne put supporter la discipline. Un de ses chefs lui fit faire antichambre. « J’étais, venu lui dit M. de Bismarck, pour vous demander un congé. Mais, pendant cette longue heure, j’ai réfléchi. Je vous offre ma démission. » Il porte dans la vie publique la même impatience, que l’âge n’a pas calmée. En 1863, à la Chambre, rappelé à l’ordre par le président, il répond : « Je n’ai pas l’honneur d’être membre de cette Assemblée ; je n’ai pas fait votre règlement ; je n’ai pas pris part à l’élection de votre président ; je ne suis donc pas soumis aux règles disciplinaires de la Chambre. Le pouvoir de M. le Président a pour limite la place que j’occupe ici. Je ne reconnais d’autorité supérieure à la mienne que celle de Sa Majesté le roi… Je parle ici en vertu, non pas de votre règlement, mais de l’autorité que Sa Majesté m’a conférée et du paragraphe de la Constitution qui prescrit que les ministres, en tout temps, devront obtenir la parole, s’ils la demandent, et être écoutés. »

À ce moment, des murmures s’élèvent dans l’Assemblée. Il les domine :

— Vous n’avez pas le droit de m’interrompre.

En 1865, ministre, il garde l’humeur batailleuse d’un étudiant. En pleine Chambre, il propose à un brave homme de savant, M. de Virchow,