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laquelle elle est construite et l’impression de terreur qu’elle produit. Je la signale comme une œuvre originale et forte.

Elle est d’ordre extranaturel et répond au sentiment du merveilleux qui est inné en nous, et que ni l’esprit scientifique ni les spéculations métaphysiques ne détruisent entièrement. Pourtant, elle ne choque aucune de nos idées modernes, n’est en contradiction absolue avec aucune de nos doctrines. Loin d’être en désaccord avec la science, elle semble s’appuyer sur elle. L’auteur s’est hardiment porté, pour l’établir, sur les travaux avancés de la physiologie. J’ignore si ces points stratégiques seront un jour abandonnés ou définitivement conquis. De hardis neurologistes les défendent actuellement. Cela suffit à la vraisemblance et partant à l’intérêt du récit de M. Gilbert-Augustin Thierry. Je n’en conclus pas que tous les faits qu’il expose soient possibles. Loin de là. Le docteur Brouardel a écrit pour l’excellent livre du docteur Gilles de la Tourette sur l’Hypnotisme une préface dans laquelle je lis quelques lignes qui pourraient bien s’appliquer à Marfa, le Palimpseste. « Encouragés par les littérateurs, certains médecins, dit M. Brouardel, ont trop oublié les règles essentielles de la critique scientifique. Ils se sont laissé entraîner à répéter, devant des juges incompétents, les phénomènes de l’hypnotisme, de la catalepsie, du somnambulisme, les suggestions les plus bizarres. Les littérateurs, conviés à de pareils spectacles, ont accepté