minuscules carolines, incomplet et tronqué, ne comprenant que les psaumes 114, 119, 120, 129, 137 et 145, qui sont ceux de l’office des morts. M. Stéphane Cheraval, archiviste paléographe, a reçu du gouvernement français la mission de le rechercher et de l’acquérir pour le compte de l’État. Et quel texte se cache sous ces carolines que M. Léopold Delisle contemplerait avec ravissement ? Un texte en caractères de la belle époque, la Milésienne de Lucius de Patras, « ce chef-d’œuvre disparu, dont l’Âne d’or d’Apulée n’est qu’une copie si misérable… cette œuvre étrange et merveilleuse — le livre des morts — qui ravit d’admiration et frappa d’épouvante le monde oriental du iie siècle ». (Marfa, pages 29 et 189.) C’est au château de Doremont (Haute-Saône), dans la bibliothèque du feu prince Volkine, que M. Stéphane Cheraval découvre ce vénérable codex, cette gemme non pareille de l’écrin paléographique, ce trésor qu’il faudrait confier tout de suite au grand helléniste Henri Weil. Si la nouvelle de M. Gilbert-Augustin Thierry contenait pour tout drame la découverte inattendue et la perte définitive de la Milésienne de Patras, le public s’y plairait sans doute beaucoup moins que je ne fais ; mais M. Stéphane Cheraval ne trouve pas seulement un manuscrit à Doremont, il y rencontre aussi la princesse Volkine, une jeune serve que le vieux prince, bibliophile et nihiliste, avait épousée dans sa vieillesse et instituée héritière de son nom et de ses biens. « Mignonne, petite et frêle
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