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manité courait après d’autres chimères et le spiritisme naissait. Je suis comme le baron de Gleichen : je veux qu’on m’amuse et je crois qu’il n’y a pas de bonheur sans illusion. Mais le spiritisme met, en vérité, trop peu d’art à nous séduire. Il nous fait converser avec les morts dans des entretiens si plats, qu’on en sort plus dégoûté encore de l’autre monde que de celui-ci. Passe encore pour saint Louis, qui, logé dans une table, répondit aux questions du médium comme un ignorant. Il ne connaissait ni la reine Blanche, ni le pont de Taillebourg, ni Damiette, ni les Quinze-Vingts, ni la Sainte-Chapelle, ni Étienne Boileau, ni Charles d’Anjou, ni Joinville, ni Tunis, ni rien. Jamais pied de table n’avait étalé une si sotte ignorance. Pourtant le guéridon se donnait pour l’esprit de Saint-Louis et n’en démordait pas. Le médium en demeurait stupide. Enfin, se frappant le front : « Tout s’explique, s’écria-t-il ; c’est saint Louis de Gonzague ! » — C’était saint Louis de Gonzague. J’admets l’explication. Mais j’ai lu des dictées spirites de Bossuet qui étaient aussi dans l’esprit de saint Louis de Gonzague. Et cela ne s’explique pas. Quant à Katie King, je l’attends encore. On ne manquera pas de vous dire que le spiritisme est remplacé par l’occultisme et qu’une sonnette invisible tinte sur la tête de madame Blavatsky, ce qui est en effet merveilleux, je le sais, et que les cigarettes de madame Blavatsky font des miracles, et que madame de Blavatsky est en correspondance avec un mage nommé Kout-Houmi, qui possède