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Quant à la postérité, elle sera ce qu’elle pourra ; elle aimera ce qu’elle voudra. C’est une grande duperie de travailler pour elle. Elle garde peu de chose de tout ce qu’on lui envoie, et elle préfère souvent un ouvrage de circonstance aux œuvres qu’on lui destinait spécialement. Loin de l’en blâmer, je l’en loue de tout mon cœur. Peut-être, après tout, saura-t-elle à la longue son métier aussi bien que le dit M. Alexandre Dumas. Mais, s’il n’arrive pas quelque catastrophe qui détruise les bibliothèques, un jour viendra où elle sera terriblement encombrée, et il n’est pas impossible que, ce jour-là, elle prenne en dégoût tout le papier noirci que nous lui préparons. J’éprouve moi-même, à vrai dire, quelque pressentiment de ce dégoût en voyant poudroyer au soleil les boîtes de bouquins de mon vieil ami.