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LE CAVALIER MISEREY.

semble le corps d’un enfant. » Et comme partout il célèbre chez les chefs et chez les soldats la vertu des vertus, le sacrifice, qui est la plus grande beauté du monde et qu’il faut admirer même quand il est involontaire ! Enfin, comme il sait voir la grandeur des petits !

Voilà comment il faut toucher à l’arche, voilà comment il faut parler de l’armée ! M. Abel Hermant reconnaîtra un jour qu’il a, sans le vouloir, offensé un des sentiments qui nous tiennent le plus au cœur. Il reconnaîtra qu’il est injuste de ne montrer que les moindres côtés des grandes choses et de ne voir dans l’armée que les laides humilités de la vie de garnison. Dans une lettre adressée au ministre de la guerre, et dont on peut d’ailleurs contester l’opportunité, l’auteur du Cavalier Miserey a fait une déclaration qui l’honore. « J’ai assez l’esprit militaire, a-t-il dit, pour approuver absolument la mesure de police prise par le colonel du 12e chasseurs, s’il a cru voir dans mon livre une seule phrase qui fût de nature à diminuer aux yeux des hommes le prestige de leurs supérieurs. »

Pour moi, je ne connais qu’une ligne du fameux ordre que le colonel fit lire dans le quartier des Chartreux, à Rouen.

C’est celle-ci : « Tout exemplaire du Cavalier Miserey saisi au quartier sera brûlé sur le fumier, et tout militaire qui en serait trouvé possesseur sera puni de prison. »