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le drapeau espagnol à travers le territoire étranger ; les Kabyles naturellement tirent dessus.

Aussitôt le ministère déclare que l’« honneur national » est engagé ; en l’absence des Chambres, on expédie à Mélilla 40.000 hommes. Et le tour est joué.

Voilà comment un groupe de financiers et de politiciens, sous le couvert d’une fiction patriotique, engagent la vie de leurs compatriotes pour la défense d’intérêts qui ne sont pas même espagnols.

On raconte qu’au soir de la bataille de Rosbach le roi de Prusse Frédéric II traversant la plaine où gisaient 30.000 morts, dit en souriant à son entourage :

« Messieurs, voilà trente mille hommes qui se son ! fait massacrer pour une affaire qui ne les regardait pas. »

Cet exemple n’est pas unique : on en trouverait de semblables dans l’histoire de la France en ces dernières années. Il doit nous inciter à réfléchir.

Camarades, tâchons de voir clair dans nos affaires, et défions-nous des symboles.

Cratès.