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Prince de toute la hayne & de toute la malediction de cette guerre.

Les Harpyes du Conſeil, qui contre le ſerment qu’ils preſtent, quand ils ſont faits Conſeillers d’Eſtat, cabalent auec les Partiſans, leur fourniſſent l’argent pour faire leurs auances, & tirent vſure de la protection qu’ils leur donnent, ayment mieux conſentir au bouleuerſement de l’Eſtat, qu’aux retranchemens de leurs gains infames, dõt ils ont fait leur plus grand fonds, & qu’ils content entre les reuenus de leurs terres & de leurs charges : L’Euangile leur eſt ſuſpect, quand les Prelats s’en ſeruent aupres de la Reyne, pour repreſenter les miſeres publiques : & la premiere instructiõ qu’ils donnent à ceux qui abordent ſa Maieſté, eſt qu’afin de bien faire leur Cour, il ne faut point parler, en quelque façon que ce ſoit, du ſoulagement du Peuple. N’arriuera-il iamais, qu’on leur faſſe ſouffrir auec iuſtice, les maux qu’ils ont faits iniuſtement à tant de millions d’ames affligées ? Confiſquera t’on point leurs immenſes richeſſes au Roy, reüniſſant leurs biens à ſon Domaine, lequel a eſté tant de fois ſi laſchement & cruellement vendu, & achepté par ces voleurs publics de ſa Maieſté & de ſon Royaume ?

Pour la Reyne, quoy que maintenant elle ſemble ſourde à la voix de tant de ſang reſpandu, qui demande vengeance au Ciel & qui en ſera eſcoutée ; il faut croire que c’eſt vne bonne Princeſſe, abuſée par les illuſions de ceux, qui depuis quelque temps ſe ſont rendus protecteurs de la Magie, en faiſant ietter au feu toutes les