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que d’expoſer ſon Eminence à la ſeuerité des Loix, ou de ſouffrir des Reglemens incompatibles auec ſon inſatiable auidité. Autrement il y auroit long-temps qu’il ſe ſeroit retiré des affaires, apres vne proteſtation authentique à la Cour, & qui euſt eſté de bonne grace, ſoit qu’il l’euſt faicte de viue voix, ou par eſcrit, de ne pouuoir conſentir à la deſolation de la France, à laquelle il eſt obligé d’vne ſi Eminente Fortune, & redeuable de toute ſa pompe.

L’intereſt de Monſieur le Prince eſt de ſe joüer du Fauory, ſe rendre Tyran du Tyran meſme, & à la faueur de ſon Miniſtere obtenir par tout la premiere place ; ce qui ne pourroit eſtre, s’il ne ſouſtenoit cette Idole chãcelante, dont la cheute mettroit ſans doute les affaires en d’autres mains. Ie n’ignore pas ce qu’on allegue, que c’eſt pour tenir parole à la Reyne, que ce Grand Prince eſpouſe ſi chaudemẽt ce Party, apres auoir eſté caution auprès de ſa Majeſté pour le Parlement, lequel auoit limité toutes ſes pretentions, à ce que la Declaration du Roy fuſt executée. Mais il eſt aiſé de voir, que ce n’eſt qu’vn faux pretexte, & vne lumière trompeuſe, pour ébloüir les yeux du vulgaire. Car peut-on ignorer que ſon Alteſſe, au lieu d’eſtre offenſée par le Parlement, a deu s’offenſer contre le Miniſtre, qui par ſes fourberies a tant de fois violé la parole du Roy & des Princes, par leſquels il a fait aſſeurer tant de choſes, qu’il n’eſtoit pas reſolu de tenir. Teſmoin ce qu’on vouloit faire verifier à la Chambre des Comptes, & à la Cour des Aydes, quoy qu’on l’ait retiré depuis ; teſmoin les Tailles miſes

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