Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
SAPHO, DOMPTEUSE

des fleurs électriques que contemplaient, de là-haut, les étoiles dédaigneuses dans leurs purs scintillements. Les navires aériens, les escarpolettes vertigineuses, les roues tortionnaires sévissaient avec rage.

Sur le seuil de chaque baraque, un montreur de phénomènes exaltait sa marchandise, vantait les charmes de la femme-torpille ou de la vierge à barbe. Ici, c’était une diseuse de bonne aventure, là, une dompteuse de puces. Il y en avait pour tous les goûts et pour toutes les munificences.

— Tu viens souvent à la fête de Neuilly ?

— Presque tous les soirs.

— Et pourquoi, mon Dieu ?

— Pour voir une artiste-étoile de la ménagerie Martial.

— Sapho ?

— Oui, Sapho.

— Une belle fille, courageuse et intelligente.

Le visage de Christian s’était assombri, avait presque pris une expression tragique.

— Je la hais.

— Qu’a-t-elle fait pour te déplaire à ce point ?