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SAPHO, DOMPTEUSE

profondément ténébreuse. Arrivée tout près du divan, elle s’arrêta, un moment, la tête levée, ses yeux d’émeraude férocement dilatés par la colère et la jalousie.

Souple, frémissante, toute secouée de haine, elle sortait ses griffes, fronçait ses naseaux, se rassemblait pour un bond mortel de fauve en courroux.

Christian et Sapho avaient goûté toutes les adorations de l’amour, ils se serraient de nouveau éperdument, comme pour se pénétrer, ne faire qu’un seul corps en eux deux, se fondre en une éternelle volupté.

Mirah eut un rauquement sinistre, ses muscles se détendirent comme des ressorts d’acier, et elle se jeta sur Christian qu’elle mordit avec rage.

Sapho, affolée, s’était dressée, cherchant à défendre son amant. De toutes ses forces, elle luttait avec la panthère qui, ivre de colère et de sang, ne lui obéissait plus. Deux fois, déjà, ses crocs étaient entrés dans la gorge du comte qui râlait faiblement, se débattait à peine.

— Mirah ! Mirah ! appelait la dompteuse, en