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SAPHO, DOMPTEUSE

En Espagne, ce fut une véritable manifestation enthousiaste, un inoubliable triomphe. Les acclamations des spectateurs en délire couvraient les rugissements des tigres, et c’était à qui enverrait des friandises à Mirah, la bête favorite.

La panthère noire avait recommencé ses ronronnements et ses câlineries auprès de sa chère maîtresse. Elle logeait, la plupart du temps, dans une cage installée dans la loge de l’artiste, et n’en sortait que pour les représentations. C’était une vie à deux, très douce, très tendre, car Sapho demeurait sourde aux propositions galantes, incapable de se donner une seconde fois.

Son art était tout pour elle ; c’est en lui qu’elle puisait la force de la lutte et du travail, malgré la désillusion de son cœur.

Trois fois par jour, elle se livrait à ses expériences de dompteuse, variant ses exercices, se montrant, chaque fois, plus follement audacieuse.

On l’interrogeait sur ses bêtes, sur leurs mœurs ; on lui posait mille questions sur sa vie,