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SAPHO, DOMPTEUSE

un envoûtement pervers, une sorte de fluide démoniaque qui le possédait, malgré lui, et le ramenait, pieds et poings liés, à l’ensorceleuse.

Sur la scène, qui avait été ménagée dans le fond de l’un des salons, douze petites Anglaises, toutes pareilles, s’agitaient dans des cascades de volants, des chutes de mousseline de soie, d’où émergeait leur jambe comme le pistil d’une fleur.

Leurs mignonnes têtes bouclées de poupées frivoles se penchaient à droite, à gauche, et le même sourire entr’ouvrait leurs lèvres carminées violemment dans la blancheur du teint. Rythmiquement leurs membres se déclanchaient ; elles pivotaient, en tenant leur talon très haut, s’abattaient, tout d’un coup, comme des corolles fauchées, dans un grand écart fantastique.

Après les Anglaises agaçantes et prometteuses, comme des grappes de fruits verts, vint une danseuse, entièrement nue, qui mima avec beaucoup d’art les poses sacrées de la vieille Égypte.

Les cheveux noirs crêpelés et le front