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SAPHO, DOMPTEUSE

cabochons glauques. Le corsage, très décolleté, ne tenait sur les blanches épaules que par un fil des mêmes gemmes verdâtres aux mystérieux reflets d’eau dormante. Sur l’oreille, un camélia de perles au cœur de diamants se balançait mollement, mettant sa mélancolie dans la masse vivante des cheveux d’or.

Joseph Laroube, le gros fabricant de brosses, la contemplait dans une pose extatique, tout fier de pouvoir exhiber une telle merveille, et, pas un instant, ses soupçons ne se portaient sur ses singuliers concurrents.

— Viendras-tu, cette nuit ? demanda la jolie fille à Christian, poussée par une sorte de pressentiment étrange.

Mais il hésitait. Depuis quelque temps, elle le faisait trop souffrir, et il souhaitait ardemment se libérer de cette honteuse sujétion.

— Viendras-tu ? répéta-t-elle, heureuse de triompher, une fois de plus, de cette volonté molle, de cette imagination maladive.

— Non, je crains tes baisers ; laisse-moi me reprendre, guérir de cette passion mauvaise.

Elle haussa les épaules.