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SAPHO, DOMPTEUSE

visage pâle, ses lèvres fines, à l’énigmatique sourire, et ses grands yeux de fièvre. Pourquoi ne deviendrait-il pas le compagnon d’élection de sa vie errante ?…

Sapho, accroupie sur les coussins, pensait maintenant au singulier inconnu qui, si brutalement, l’avait repoussée. Un malade, certainement, un maniaque ou un fou !… Elle se méprisait de ne pouvoir oublier le caprice qui, un moment, avait ensoleillé son rêve. À quoi bon songer à ce qui a été, à ce qui aurait pu être, pour n’évoquer que des souvenirs flétris ?… Tout était fini déjà pour la triste amoureuse. Mais la minute présente du temps qui fuit est à la fois si fugitive, si douce et si désirable qu’il vaut mieux se hâter de la savourer que de s’anéantir dans l’indifférence d’hier et de demain.

Chez l’être de passion, l’espoir persiste avec ses plus vives ardeurs. Même au lendemain des plus complètes déceptions, alors que tout semble fini, une petite lueur brille encore au fond de l’âme qui console et réconforte… Est-ce