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SAPHO, DOMPTEUSE

reaux en faisant entendre une sorte de ronronnement câlin. Ses babines se retroussaient sur les dents étincelantes et l’éclat de ses prunelles se voilait à demi sous les paupières noires.

Les bêtes, autour d’elle, bondissaient avec des rugissements, des glapissements de joie ou d’impatience, attendant aussi une caresse. Les perroquets se balançaient mollement, les singes avaient des ricanements presque humains devant l’amour de la femme et du fauve.

Sapho se mit à chanter une vieille mélodie qui avait bercé son enfance et, aussitôt, les crêtes hérissées se lissèrent, les oreilles se couchèrent, les yeux se fermèrent avec béatitude ; Mirah poussait de petits gémissements bizarres qui, se mêlant au chant, lui faisaient une sorte d’accompagnement très doux.

Sapho passa une main nonchalante sur la fourrure électrique de la bête qui s’allongea mollement, implorant d’autres délices. Mais la jeune fille, distraitement, rentra dans sa loge dont elle verrouilla la porte.

Elle avait la clé de la ménagerie, pouvait