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SAPHO, DOMPTEUSE

qui portait pour un million de pierreries sur elle et avait un train de maison considérable.

Une peur vague, persistante de l’avenir affolait le jeune homme. Il sentait un danger planer sur lui. Accablé par une de ces lourdes tristesses qui le saisissaient de plus en plus fréquemment, il se jurait à lui-même d’oublier Melcy ; il était fier de cette héroïque résolution qui le calmait un peu. Mais, après quelques jours de solitude et de lutte, la vie semblait s’éteindre dans son âme ; une défaillance mortelle brisait son corps ; il retournait auprès de la créature perverse mendier ses caresses, ses baisers, la griserie de ses savantes étreintes, le coup de fouet de son humeur fantasque.

Ce soir-là, elle l’avait meurtri plus que de coutume. Le délire bouillonnait dans son cerveau ; il tordait ses mains fiévreuses, formait mille projets de vengeance qu’il abandonnait aussitôt. Une lettre de menace, dont il devinait l’auteur, lui était arrivée, la veille. Nora, aussi, se souvenait et se dressait contre lui avec toute la haine de sa nature mauvaise, tout le ressentiment de l’humiliation ancienne.