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SAPHO, DOMPTEUSE

laiteuse, s’étale l’admirable collier de perles que toutes les femmes lui envient.

L’amant est triste et silencieux, tout entier repris par ses anciennes hantises. Sa nature impressionnable, sujette à varier, à se métamorphoser à la suite d’une émotion vive, d’un choc moral ou physique, subit de nouveau de terribles assauts.

— Qu’as-tu encore, mon pauvre ami ? demande la femme, en riant, car la fortune lui a fait une âme nouvelle.

Elle pose maintenant pour l’insensibilité et la rosserie élégante. Être sentimentale lui semble du dernier mauvais goût. Elle singe amoureusement les façons de ses amis chics de la finance et des sports. Il faut vouloir du positif dans la vie et ne respecter que ce qui rapporte de gros intérêts. Elle devient dédaigneuse et finassière, se moque des gens impressionnables qui s’attardent encore aux bagatelles du cœur et de la poésie.

— Qu’as-tu, mon pauvre Christian ?

Le jeune homme semble sortir d’un rêve. Il fixe sur sa maîtresse ses prunelles pâles, hausse les épaules avec mélancolie.