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SAPHO, DOMPTEUSE

Fatma s’était réfugiée dans une grange, donnant des signes violents d’exaspération. Elle s’était dressée dans un angle, et sa queue horizontalement battait ses flancs. Sa gueule, grande ouverte, bavait ; ses yeux lançaient des flammes.

Sapho, à trois mètres du fauve, le contemplait avec tranquillité avant de prendre une décision. Une seconde de plus, il allait bondir, étreindre le corps souple de la femme, le déchirer entre ses griffes.

Mais Sapho s’avança, mit la main sur l’échine de la bête, et, doucement, l’appela comme elle le faisait lorsqu’elle entrait dans la cage.

Fatma, d’abord indécise, bondit plus loin, en poussant des rauquements sinistres ; aucune prière, aucune menace ne put la ramener. Au paroxysme de la rage elle s’était blottie dans l’ombre, toutes griffes dehors, et sa queue plus frénétiquement frappait le sol.

La foule, qui s’était massée au dehors avec des fusils, n’attendait qu’un moment favorable pour tirer.

Mais la jeune femme alors s’enferma avec le