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SAPHO, DOMPTEUSE

on ne sait d’où et qui poussent côte à côte, se frôlant et se protégeant contre la tempête. Nous ne sommes pas libres de notre destinée, mais nous pouvons, au moins, essayer de nous créer une félicité en ce monde, en nous appuyant les uns aux autres. Aime-moi ! Protège-moi !

Elle le prit contre son sein, le berça comme un enfant peureux que l’on console.

Mirah, dans sa cage, gémissait de jalousie ; mais les amants n’y prenaient point garde, tout entiers à leur joie. Lui, se laissait dorloter, acceptait les baisers qui se posaient, au hasard, sur ses yeux et sur ses lèvres.

— Rappelle-toi comme nous avons été heureux avant ton départ, dit-il. Pourquoi es-tu retournée chez Martial ?

— Oui, peut-être ai-je eu tort.

— Il ne fallait pas me quitter. Comme il faisait bon soleil dans notre villa cachée sous les fleurs !… Nous marchions sous la haie des rosiers. L’herbe était grise, avec des moires blanches et vertes. Les abeilles ronflaient et, de temps à autre, les vieux pruniers, au-dessus de notre tête, laissaient tomber un fruit mûr