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SAPHO, DOMPTEUSE

— Alors, c’est ici que tu passes ton temps ? demanda le jeune homme.

— Je t’attendais, dit-elle avec mélancolie. Pourquoi me délaisses-tu ?…

— Je ne te délaisse pas, mais ma vie a des exigences… Un nouveau danger me menace.

— Lequel ?

— J’ai rencontré celle que j’ai voulu tuer, Nora, ma femme.

— Ah ! si tu restais avec moi, semblable chose ne t’arriverait pas. Qu’as-tu besoin de courir les fêtes ?

— Oui, j’ai eu tort, avoua-t-il. Je ne veux plus aimer que toi. Il n’y a pas une place de ton corps charmant que tu ne m’aies livrée. Ton visage, tes yeux, ton front, ta bouche, tout est à moi, ma chérie !… Je suis bien ingrat de l’avoir oublié !

— Moi, dit-elle, je n’ai jamais aimé que toi. Tu es mon premier et mon seul amant… Tu m’as grisée, affolée, perdue !… Me quitter, maintenant, serait une mauvaise action, car tu ne peux rien me reprocher, mon Christian ?…