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SAPHO, DOMPTEUSE

plus la grandeur des orgueilleuses solitudes, la beauté d’une existence cachée, la joie de se suffire ou de se créer tout un monde avec un être chéri.

Avait-il donc vraiment le besoin de changement, qui tourmente tous les hommes, qu’à tant de félicité, sereinement ressentie, il opposait, tout à coup, la plus froide indifférence ? S’était-il donc menti à lui-même, alors que Sapho l’hypnotisait de songes et d’amour ?… Il n’était plus l’amant qu’elle chantait, l’être doux et triste qu’elle avait consolé. Peut-être ne l’avait-elle dominé aussi que dans sa chair, puisque l’après de la volupté avait les habituelles lassitudes, les habituelles amertumes des étreintes sans tendresse ?…

Quant à Melcy, elle se sentait pleine de passion, apte à des nuits délirantes dans la profusion des excitants, dans l’aphrodisiaque tentation des intelligents décors de son intérieur luxueux.

Elle avait, près de Christian, qu’elle voulait séduire, un véritable brasier dans les flancs, du feu dans les veines et un désir pervers de triompher, quand même.