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SAPHO, DOMPTEUSE

même. Tu n’es pas semblable aux autres, et la préférence que te témoigne Sapho t’indique tout naturellement à mon choix. Que veux-tu ? j’ai le caractère fantasque et pervers des reptiles que j’ai charmés… Est-ce de ma faute, si je suis ainsi ? D’ailleurs, dans ma chambre à coucher de Paris, j’ai conservé quelques serpents qui errent avec nonchalance sur le tapis, accrochant, leurs corps souples aux colonnes du lit, et, lorsque je repose, se balancent gracieusement au-dessus de ma tête comme des lianes fleuries. Toujours le goût du bizarre, tu vois.

Tout ce verbiage étourdissait le jeune homme, l’incitait aux anciens errements.

En vain tentait-il de se ressaisir, s’isolant des deux amies, lisant, durant ses longues nuits sans sommeil, des traités de psychologie héréditaire, des ouvrages de Ribot, de Lombroso, de Féré, de Maudsley, des fragments philosophiques de Stuart Mill, de Bain, d’Herbert Spencer, de Darwin, de Kant, etc… Adroit à se frapper aux places les plus sensibles pour éprouver cette sorte d’amère volupté qui naît de la souffrance, il cherchait à retrouver son cas dans la série des