Jusqu’au soir, Sapho et Christian restaient là, dans un repos délicieux, s’étreignant encore. Ils éprouvaient une joie indicible à s’isoler dans leur bonheur, à se sentir l’un à l’autre indissolublement.
— Je voudrais mourir ainsi, disait-elle. Il me semble que je dors, tant ma lassitude est douce. Ma pensée sommeille aussi. Je ne vois que toi et je ne désire rien que ton baiser.
Le soleil se couchait dans une grande lueur rouge qui semblait tendre sur eux des rideaux de pourpre et d’or. L’herbe était tiède, toute vivante et douce comme leur amour. Ils s’en allaient dans une nappe de poussières dansantes. La vision de leur passé flottait dans ce sentier de lumière où les moucherons s’activaient, bourdonnaient follement un dernier hymne à la gloire du jour finissant.
Christian ne croyait plus au danger de la maladie, au retour de l’idée fixe qui avait fait de lui un criminel. Il avait confiance en ses muscles, sentait les appétits de sa chair et de son cerveau. Il voulait vivre pour sa passion, être homme, être fort, jouir et rouler dans son