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SAPHO, DOMPTEUSE

dans la lumière de ce jardin, j’ai vécu pour toi, j’ai vibré pour toi seul, mon Christian bien-aimé.

Elle tendait sa chair brûlante à ses baisers, et il obéissait à ses désirs éperdus, les tempes battantes, la gorge sèche, les yeux noyés.

Elle avait vaincu le mal qui était en lui. Il se sentait, maintenant, une âme tendre, peureuse, enfantine et obéissante.

Le jardin se faisait complice de l’amoureuse. De partout arrivaient des parfums de corolles pâmées, des susurrements de brises, des apothéoses de clartés.

La nature chantait la passion des êtres, au fond des sanctuaires de feuillage ; des coins les plus reculés, des nappes de soleil, des trous d’ombre, des bosquets mystérieux et des ruisseaux jaseurs montait l’irrésistible désir de possession.

Toute la sève estivale avait un frisson d’enfantement. Les parcelles de vie invisibles qui peuplent la matière, les atomes frémissants se cherchaient, s’enlaçaient, se fondaient irrésistiblement pour satisfaire à la grande loi de volupté qui courbe les êtres.