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SAPHO, DOMPTEUSE

Puis, je me suis piqué à la morphine pour oublier.

— Maintenant tu es guéri ?… Je ne veux plus que tu me quittes… Tu as besoin d’une affection constante et attentive pour ne pas retomber dans tes anciens errements.

Assise sur le lit elle le contemplait de son regard ardent d’amoureuse.

Les délices passées, les espoirs nouveaux vibraient côte à côte, en l’étroit espace, baigné d’ombre. La pensée de Sapho voltigeait des joies éteintes aux joies plus libres qu’elle se promettait en un avenir proche. Ils partiraient tous deux, se cacheraient en quelque retraite sûre où les jalousies et les haines ne pourraient les atteindre.

Peut-être serait-ce l’automne, mais combien la nature leur semblerait plus clémente et plus belle !

Ils iraient, tendrement enlacés, dans les allées tapissées d’or et de pourpre ; ils pousseraient, devant eux, les feuilles bruissantes, avanceraient dans le déferlis de leurs vagues molles.

Et il ne serait pas de musique plus éloquente