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SAPHO, DOMPTEUSE

menaçants exprimaient ton trouble et non ta haine.

— Oui, tu m’as parlé en rêve, tu m’as tiré du cercueil pour poser tes lèvres sur mes lèvres en feu. Oui, oui, tu as gratté la terre de tes petites mains à l’endroit de mon cœur… Tiens, écoute, comme il bat, maintenant, ce cœur que tu as ressuscité ?…

Elle mettait son oreille contre la poitrine du jeune homme.

— Oh ! je l’entends !… il saute comme un oiseau dans sa cage !

Il continuait dans une sorte de délire :

— Je t’espérais depuis si longtemps !… Pourquoi n’es-tu pas venue à la place de l’autre qui m’a fait tant de mal ?… Il y a des années que je t’appelle avec des larmes et des sanglots !… Mais, pour tout le monde, je n’ai jamais été que le fou, l’être effrayant que l’on déteste inconsciemment, que l’on méprise et que l’on fuit !

— Vrai, tu as eu tant à souffrir de la méchanceté humaine ?

— Oui, dès le collège, après ma maladie… Car, avant, je crois, j’étais semblable aux autres…