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SAPHO, DOMPTEUSE

le tourbillon de ses voiles, qui laissaient voir son exquise nudité.

Il avait oublié les affreux cauchemars d’autrefois, les visions sinistres qui empoisonnaient ses jours, au réveil.

Seule Sapho se penchait sur lui, le frôlait de ses cheveux de cuivre qui étaient encore des rayons de soleil.

— C’est étrange, lui disait-il, il me semble que je suis venu de très loin pour ramper à tes pieds comme devant une idole incomparable et m’anéantir dans cette adoration profonde… J’étais mort, peut-être. Certes, j’étais sous terre comme un cadavre ; j’avais froid indiciblement, je sentais s’agiter, au-dessus de moi, la vie du monde, mais je préférais ne pas écouter, habitué à mes ténèbres, à mon désespoir, savourant des angoisses étranges, sans chercher même à lever la pierre de mon sépulcre… Tu es venue me prendre par la main.

Sapho, presque guérie, se soulevait sur sa couche.

— Moi aussi, je te cherchais, mon bien-aimé ; je savais que ton désir cruel, que tes regards