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SAPHO, DOMPTEUSE

La femme rit, méprisante, et la bête humiliée se ramasse prête à fondre sur sa proie, à l’enserrer dans une étreinte sans pardon… Les deux corps vont rouler, s’embrasser, se mordre au milieu des râles et des rugissements. Quelques cris de femme se font entendre… Un second coup de fouet, un regard fascinateur, un ordre bref et Mirah, soumise, vient ramper aux pieds de sa maîtresse, l’implorer pour un nouveau jeu très doux.

On applaudit avec le vague mécontentement de la victoire trop facile, l’inconscient désir de meurtre et de sang répandu, la cruauté trouble qui hantent le cœur des foules.

Il y a là l’ordinaire public des ménageries, ce public mélangé, composé de mondains, d’amuseuses connues, de petites bonnes vagabondes et d’ouvriers en livrée de travail. Les singes s’agitent dans leur cage, passent, à travers les barreaux, des mains crochues de vieilles quémandeuses, semblent injurier et implorer, en même temps, dans une exaspération falote. Des ours philosophes se balancent gravement et des