Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
SAPHO, DOMPTEUSE

— Oui, fit la charmeuse, il est plus à plaindre qu’à blâmer.

— Oh ! je ne lui en veux pas, soupira Sapho, en fermant les yeux, comme si elle allait défaillir ; mon rôle est d’amuser les spectateurs ; je n’ai pas à m’inquiéter du genre de plaisir que je leur procure. Toutes les opinions sont permises.

Elle n’entendait plus que dans un bourdonnement les paroles de ses visiteurs. Dans l’état d’ébranlement et de faiblesse où elle se trouvait, avec la fièvre qui martelait ses tempes, elle perdait la conscience du moment présent.

Christian doucement lui prit la main.

— Vous guérirez bientôt ; je vous ferai une existence heureuse d’amour et de luxe. Mon cœur était douloureux de vouloir aimer et de n’avoir rien à aimer. Toujours, j’ai senti le froid que fait autour d’un être une jeunesse stérile, une jeunesse déshéritée de charme sympathique. Jamais je n’ai inspiré qu’une sorte de commisération avec la pâleur de mon visage et la tristesse de mon caractère.