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SAPHO, DOMPTEUSE

Ludovic, en embrassant Faustine dont l’épaule ronde était à portée de ses lèvres.

Christian continua, tandis que Melcy l’enveloppait de son tendre et clair regard, tout empreint d’un vif intérêt.

— Mes crises duraient peu. Avec quelque effort, je me ressaisissais dans l’épouvante de la continuelle menace qui pesait sur ma vie. Je sentais l’abîme tout proche, le vertige me prenait dans l’effroyable attraction du vide et je me raidissais, je me cramponnais à tout ce qui pouvait m’offrir un appui. Il y avait une tragique monotonie dans la fréquence de ces luttes qui passaient inaperçues pour les indifférents. J’allais, je venais, je parlais, j’agissais avec un semblant de sérénité ; mais, au fond de mon être, le mal se réveillait. Je souffrais de l’inutilité de mes désirs, j’étais à moi-même mon propre obstacle, et toutes mes contraintes, toutes mes résistances ne servaient qu’à m’enfoncer plus avant dans mon tourment.

— Et cela dura ?

— Trois ans. Puis, un jour, je surpris ma femme avec son amant, de telle sorte que le