Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LES ANDROGYNES

Elle l’embrassait gentiment.

— Pourquoi faut-il que je te chérisse davantage après tes injures ?… Les amoureuses ont donc perdu toute dignité !…

— Et la dignité du pardon, la comptes-tu pour rien ?… Dieu n’agit pas autrement avec les pécheurs !…

— Je ne veux plus que tu partes ?…

— L’ai-je jamais voulu ?…

— Dame, tu me disais cette nuit que le plaisir que je te donnais ne valait pas le travail que je te faisais perdre ! Que tout ce que vous offrez à l’amour, vous autres écrivains, est perdu pour la littérature !… Les germes fécondants vous remontent au cerveau et vous procréez sans le secours de la femme !…

André se mit à rire.

— Tous les grands auteurs ont été chastes, ma petite Fiamette ?

— Des imbéciles ou des fous !

— Et le succès ?…

— Le succès ?… Un mot ! Est-ce que Ninoche ou Nora la Comète n’en ont pas autant que vous tous ?… Et, moi-même, si je voulais !…