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LES ANDROGYNES

animé du même transport que le cœur avant la possession. Le désir de créer se manifeste dans toute sa véhémence… Mais c’est, à mon avis, la poésie qui procure les sensations les plus rares. Le sonnet, par exemple, me représente l’étreinte complète dans sa perfection mesurée et graduée. C’est, d’abord, la caresse moelleuse des huit premiers vers, dont la rime revient persistante comme le baiser initiateur, savant, pénétrant, tenace, magnétique… Puis, l’enlacement étroit des deux strophes plus brèves, plus nerveuses, d’une acuité profonde qui émeut sûrement, soulève tout l’être d’impatiente ardeur. Enfin, voici le dernier vers dont la rime jaillit comme un clou d’or et fixe irrésistiblement le poème adorable…

Jacques daigna approuver.

— Il faudra mettre cela dans mon roman. Notez, tout de suite…

— Oh ! inutile, je m’en souviendrai…

— Vous prendrez comme titre du premier chapitre : « la Volupté esthétique ».

— ?…

— Pour commencer, vous décrirez la scène de ce soir.