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LES ANDROGYNES

Un valet correct et grave annonça que le dîner était servi.

Par couples sympathiques, un bras nonchalant autour de la taille, les convives se rendirent dans la salle à manger, et prirent place autour de la table, jonchée de narcisses et de roses. Les verres de Bohême, délicats et nacrés, cabochés de gemmes, comme des bijoux de prix, n’étaient disposés que de deux en deux couverts, de sorte que les couples communiaient, tout le long du repas, en une même pensée d’élection.

André constata qu’il lui faudrait boire dans la coupe de Jacques, et son déplaisir se mêla d’une certaine inquiétude, lorsque lui fut versé le vin aux senteurs chaudes, couleur de soleil et de topaze, qui devait sceller leur bonne entente.

— Je bois, dit Chozelle, à notre union esthétique et à la réussite de nos légitimes ambitions !

Il pencha ses moustaches sur le fin cristal qui s’embua tristement, puis tendit la coupe à moitié vide à son ami.

Mais André, incapable de se vaincre, se