Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
LES ANDROGYNES

il faut se créer une personnalité presque inquiétante pour sortir des rangs, et cela s’use vite, car les imitateurs abondent.

— Oh ! je sais…

— Oui, vous avez vu beaucoup de jeunes me copier d’une façon déplorable. Eh bien, André, mon doux ami, mon cher disciple, il faut que mon talent soit inimitable et… cela vous regarde…

— Moi !

— Certes. Quand vous aurez vécu quelque temps dans mon intimité, vous me comprendrez et vous écrirez de belles et grandes choses.

— Ah !

— Pour cela, mon mignon, vous aurez deux cents francs par mois… Je voudrais faire plus, mais je suis pauvre, vous le savez. C’est entendu ?

André réfléchit qu’il devait deux termes au propriétaire et qu’il ne savait vraiment comment il vivrait le mois prochain ; les larmes aux yeux et la gorge contractée, il accepta.

Fraternel, Jacques le reconduisit jusqu’à la porte, une main appuyée sur son épaule.