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LES ANDROGYNES

fond de la pièce exiguë, sous un bric-à-brac d’armes, de babouches, d’éventails et de pochades d’amis, un assemblage bizarre, et cependant harmonieux, d’objets disparates, groupé par des mains artistes.

— J’ai mauvaise mine, hein ?

Nora étouffait un accès de toux dans son mouchoir, et la fine toile de lin se teignait de rose.

Fiamette, doucement, attira sur son sein la tête pâle de son amie.

— Tu devrais être dans ton dodo à rêver d’amour.

— Ou de mort…

— Veux-tu bien te taire ? À ton âge… et avec d’aussi jolis yeux !

— Mes yeux voient plus loin que la vie, c’est peut-être pour cela qu’ils sont beaux… Mais, il ne s’agit pas de moi…

— C’est donc un motif bien sérieux qui t’a conduite ici ?

— Ma démarche serait mal jugée dans le monde bourgeois, et l’on me jetterait à la tête un fort vilain qualificatif. Cependant, crois bien que mon amitié seule me pousse en ce moment…