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LES ANDROGYNES

— Bah ! on s’imagine que tout est fini, et puis, tout recommence. La tristesse s’enfuit comme la joie… On est malheureux un jour et consolé le lendemain, sans savoir comment ça s’est fait… Parfois j’ai envie de me tuer, puis, le soir, je danse comme une folle, et la vie me semble bien amusante.

— Tu n’es encore qu’une petite fille, Zélie ; plus tard les chagrins te laisseront une empreinte plus profonde.

— Tu crois ?… Dans tous les cas, parle-moi d’Elle, ça me fait plaisir, parce que je sens que ça te console.

Et le poète disait tout de sa vie et de celle de sa maîtresse, sachant bien que la petite amie qui l’écoutait ne le trahirait pas, enfermerait en elle, comme en un tabernacle, le saint ciboire de son amour défunt.

— Mais, maintenant, vois-tu, je veux que tu m’aides à oublier ce passé dont le souvenir me fait trop de mal !

Et Zélie qui, déjà était femme, essayait de le guérir avec des moyens de femme. N’ayant à offrir que son frêle corps d’amour, elle l’offrait ingénument, lui disant que cela ne tirait pas à conséquence,