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LES ANDROGYNES

la meute affamée passe sur le corps de Fiamette, se repaît de sa chair liliale.

Par moments, il aperçoit la couronne rose de ses seins, l’étoile fleurie de son ventre, et devine une autre fleur que tous peuvent cueillir, excepté lui.

Le songe d’opium devient cauchemar. Ses muscles se contractent, les battements de son cœur s’accélèrent, et, dans une frénésie de rage, il se dresse, enfin, décroche une arme, au hasard, sur les murs de l’atelier, et, bondissant dans le tas des mâles en rut, frappe ces faces de luxure, ces gorges hoquetantes de soupirs voluptueux, plonge ses mains dans le sang des poitrines et des ventres, puis s’évanouit sur le corps de Fiamette…

Lorsque le jeune homme reprenait ses sens, il était mortellement las et des tics bizarres parcouraient sa face. Le poison, lentement, agissait sur son organisation, exaspérant ses nerfs, détraquant sa santé, déjà éprouvée par les veilles et les privations.