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LES ANDROGYNES

de son pied mignon, fait sauter une coupe de champagne que Chozelle portait à ses lèvres. La voici, les jambes en l’air, tournant comme un scarabée d’or enfermé dans une boîte ; elle s’étire et se ploie, devient couleuvre, passe sa tête entre ses jambes, tire une langue moqueuse à l’assistance ; et, soudain, ses traits se contractent, ses yeux s’agrandissent, se creusent, reculent au fond des orbites, sa chair se décompose et se dessèche. C’est un squelette qui saute au bout d’une ficelle !

Les couples passent ; Cythère et Lesbos, les prunelles fumeuses, les lèvres meurtries, sourient vaguement dans une hébétude d’étreintes et de baisers. Voici les fœtusards du chic et du chèque, les chevaliers de marque et de contremarque, les éthéromanes verlibristes, les ataxiques aux jambes de coton, aux moelles fondues, tous les gavés et tous les meurt-de-faim, aussi livides les uns que les autres et pareillement macabres !

Des filles rousses, brunes et blondes, montrent leurs aisselles où brille un peu de sueur en rosée de diamants ; une odeur