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LES ANDROGYNES

petites femmes perverses se répétaient entre elles avec complaisance.

Vêtu de son habit de soirée, cravaté de blanc, Jacques, le soir, jetait un coup d’œil sur les gazettes alliciantes, tandis que le disciple, pelotonné devant la cheminée où brillait une plaque de cuivre rouge, chauffée par une invisible herse de gaz, rêvait tristement. Et sa vie était comme cette plaque ardente, d’un rouge criminel, sans la joie des flammes vagabondes, des flammes libres qui montent au gré de leur caprice et crépitent follement comme des cigales d’amour ! Sa vie était fiévreuse sans but ; elle brûlait sinistrement sans espoir, sans tendresse, inutile et factice.

Tandis qu’il songeait, la joue appuyée au marbre tiède, Chozelle, qui lisait, avait des exclamations approbatives pour quelques éloges qui caressaient plus particulièrement sa vanité d’auteur.

— J’ai tout de même de la chance ! disait-il.

— Certes, souriait le poète avec une ironie lasse.

— Que de gens de talent luttent sans