Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
LES ANDROGYNES

d’exiger, pour le lendemain, un supplément de travail. Les œuvres d’André avaient du succès, et Jacques s’applaudissait de son heureux choix, sans pour cela laisser voir à l’élève une satisfaction imprudente. Il ne faut pas gâter le métier.

Lorsque les deux hommes ne sortaient pas, le Maître daignait donner quelques conseils, relever la fadeur d’un article par des mots amusants et rares, plaqués de-ci, de-là. Ainsi, toutes les productions d’André avaient un air de famille : le genre Chozelle, qui — clamaient les admirateurs — se reconnaissait dès la seconde ligne d’une chronique ou d’une nouvelle.

Jacques vivait des hommes, comme certains de ses confrères vivaient des femmes, et, chose bien typique, en ce temps de pourriture morale et de lutte homicide, il s’en faisait gloire, racontant ses bonnes fortunes, étalant ses vices au cercle, au théâtre, en plein boulevard. Tous, critiques, échotiers et soireux, encensaient son mérite, son originalité, le tour ingénieux et mordant de son esprit. Il y avait, pour le mettre en valeur, une apothéose d’épithètes que les