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LES ANDROGYNES

créature de vice qui riait, à demi renversée sur les bancs de ce bouge infâme. Les yeux de l’enfant étaient pleins d’une douceur triste, tandis que ceux de la fille brillaient d’une flamme d’ivresse ou de crime, cherchaient, cruels et provocants, ceux des buveurs qui la coudoyaient.

— Rentre, pour voir ce qu’il a donné à la petite, fit le grand Charles à voix basse.

Mais Lucienne protesta.

— Elle viendra bien nous le dire.

— Savoir, c’est une fainéante… Et puis, un beau soir elle nous jouera la fille de l’air.

— Maigriotte et gnolle comme elle l’est !

— Une primeur. Il y a des vieux qui les préfèrent ainsi.

— Bah ! laisse-moi boire, on verra demain.

Le grand Charles serra les poings, tandis que la fille faisait claquer ses lèvres au bord du verre épais, renversait la tête voluptueusement :

— Boire et dormir, il n’y a que ça !

Mais Charles, qui dévisageait Chozelle