Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
LES ANDROGYNES

d’amour, qui de l’amour ne connaissent que le geste.

Pourtant, son être était douloureux de vouloir aimer et de n’avoir rien à aimer. Il sentait le froid que fait autour de l’âme une jeunesse stérile, une jeunesse déshéritée de protection tendre, de grâce câlineuse. Malgré lui, il s’attardait à se dépeindre le visage ardent et pur de Fiamette, les contours adorables de son corps. Il la revoyait dans sa robe de songe, égrenée de flammes, avec la pointe orgueilleuse de ses seins soulevant les mailles du gorgerin de perles.

Un soir, une fille prit sa main dans les ténèbres et l’entraîna, tandis que Jacques buvait avec ses amis de rencontre.

La petite comptait à peine quinze ans. Elle avait des membres fins, une chevelure superbe et des yeux de péridots qui lui enfiévraient la face. Ses hanches graciles ondulaient sous une jupe de drap rouge, un pavot artificiel saignait dans sa coiffure.

— Tu as l’air triste, dit-elle, viens !

Il sourit. Il avait reconnu la petite du Moulin-Bleu.