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LES ANDROGYNES

gars, et faisait son choix, tandis qu’André, à moitié assoupi sur un bout de table, songeait à Fiamette. Dans ses rares moments de lucidité, il se faisait horreur, et il lui semblait que chacune de ces nuits fiévreuses aggravait sa déchéance, le poussait irrémissiblement dans la voie honteuse. Une sorte de force suggestive dominait sa volonté, devenue flottante sous l’influence du poison, il subissait la torture quotidienne avec une résignation de malade.

Chozelle, dans sa lâcheté, craignait les aventures fâcheuses, et, s’il se faisait accompagner par son jeune disciple, c’était moins par amitié pour lui que pour être assuré, toujours, d’une protection efficace.

Parfois, en effet, un mâle jaloux ou rusé intervenait, crachait les plus horribles menaces ou proposait un arrangement. Et cela rappelait les coutumes et les agissements des souteneurs de barrière ; le bétail seul différait. Il est vrai que ces professeurs d’infamie recrutaient surtout des enfants ou des adolescents, et Jacques préférait les fruits mûrs aux primeurs.

Un jour, pourtant, le disciple s’était