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LES ANDROGYNES

lisables de voluptés neuves, dégoût d’une civilisation décrépite, inconscience du vice devenu nécessité, toutes les aberrations de notre littérature moderne se trouvent dans le Satyricon, et André s’en remémorait les alliciantes débauches, les érudites hystéries.

Dans son sommeil, il voyait maintenant de singulières choses : Un trône élevé se dressait devant lui, émaillé de briques polychromes, incrusté de béryls et d’opales. Sur les degrés se traînaient des adolescents aux formes nues, imprécises, aux membres fins sertis de joyaux, et Jacques, assis sur le large siège, les caressait, tour à tour, puis les égorgeait lentement sans qu’un muscle de son visage tressaillît. Du sang dégouttait des marches, les corps, dans un spasme bref, roulaient les uns sur les autres.

Le teint jaune, parcheminé, strié de rides, le regard figé dans une cruauté froide, Chozelle se rougissait les mains à cette besogne de boucher, s’attardait aux attouchements tièdes, dans la joie perverse de ces agonies qu’il avait voulues.