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LES ANDROGYNES

ordre dont la clientèle plus modeste ne saurait protester.

Au dehors, rien ne dénonce les séductions spéciales du lieu. D’honnêtes devantures montrent, à travers des rideaux transparents, quelques rangées de tables et un comptoir où trône une dame mûre, — la seule de l’endroit. — De pâles esthètes dégustent des vins âpres, couleur d’acajou ou d’améthyste, en causant posément de choses et d’autres. Au fond, une porte feutrée, qui retombe d’elle-même, donne sur un salon luxueux et barbare qui rappelle celui de toutes les vendeuses d’amour.

Point de jolies femmes, hélas ! mais un parterre d’une cocasserie spéciale. Les types anglais surtout y foisonnent, étalant des dégaines de longs clergymen enredingotés, avec des souliers vernis et des bagues à chatons importants à tous les doigts. Il y a aussi des mufles agressifs de dogues, aux oreilles sans ourlet, aux babouines surprenantes, des êtres flasques aux yeux injectés et idiots, des mines d’éventreurs, de rastas et de fous. Certains se font déboucher d’explosifs sodas, d’autres, par petits groupes,