Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
LES ANDROGYNES

pour être aimé pour vous-même. Je vois des regards fixés sur vous, ils ne sont point farouches !… Si vous vouliez !…

— Non, soupirait André, je n’ai point le cœur au plaisir…

— Bah ! essayez toujours.

— Je ne saurais que dire ! Les paroles d’amour se glacent sur mes lèvres…

— On vous en aimera davantage, beau dédaigneux !

— Ne vaut-il pas mieux aimer que d’être aimé ?…

— Peuh !… Voilà de bien grands mots pour peu de chose !… Une heure de douce étreinte n’engage à rien. On boit à la coupe de chair comme à la coupe de cristal, un peu d’amontillado quand on a soif, et l’on s’endort sans regret.

« Il n’est point question ici de sentiment, et les petites aux seins roidis qui vous offrent le vin d’amour, ne désirent point que vous leur donniez votre âme en échange. Elles n’en sauraient que faire, les pauvres !

— Je crois, ami, que vous vous trompez. La femme demande encore plus de