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LES ANDROGYNES

antres de misères plus discrets, s’éclipsait derrière la porte entre-bâillée de quelque bouge, tandis qu’André continuait son chemin au hasard, cherchant, il ne savait quoi : de l’apaisement ou de la douleur, des visions d’idylle ou de meurtre.

Dans les moulins montmartrois, Pascal tentait d’étourdir son jeune ami, lui montrant des mascarades à la Gavarni, des étalages de femmes à prendre ou à vendre. Sur des charrettes, décorées de fleurs et d’oriflammes, s’éboulaient les chairs nues, comme en des éventaires offerts à la curiosité des amateurs de friandises pimentées. Les cortèges de Bacchus et de Pan neurasthéniques s’essoufflaient derrière les belles filles rieuses, et un vent de démence faisait osciller les plumes des chefs barbares et des Lohengrin de féerie, au milieu de la foule ivre de cris et de fauves odeurs.

Des fusées de rires montaient si haut, que l’orchestre s’arrêtait, parfois, perdant le ton et la mesure.

Romains aux bras nus, au torse orgueilleux, esclaves à la démarche empêtrée de chaînes, aux mains liées ; tourmenteurs