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LES ANDROGYNES

ceintures et les ornements d’orfèvrerie sautaient sur les croupes tumultueuses et les blanches poitrines.

Nora tournait éperdument, puis lançait en l’air sa jambe fine, comme une fusée, et les paillettes de son petit soulier s’embrasaient au-dessus des têtes. Tenant d’une main le talon de satin rose, elle pivotait, légère, et tout à coup s’abattait comme une corolle fauchée, un pied de-ci, un pied de-là, dans un écart fantastique.

— Bravo, Nora, Nora la Comète !

Et cette souple fille à la peau mate, animée, semblait-il, d’une clarté intérieure, à la rutilante toison rousse, ressemblait, en effet, à un astre errant décrivant d’audacieuses paraboles.

Aux premières risettes de l’aurore, les peintres réalisèrent l’aimable fantaisie de vêtir leurs amoureuses d’une tunique de confetti, la pluie de roses étant devenue hors de prix, depuis les orgies romaines. Ce fut alors, du haut des grandes échelles de l’atelier, une grêle, une avalanche, un déluge de légères rondelles gommées qui, sur les corps moites des femmes, se