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LES ANDROGYNES

mières bouffées d’opium qui lui montaient au cerveau. Il s’était étendu sur un divan et avait fait griller la pâte verdâtre, suivant l’exemple de ceux qui l’entouraient. Une douleur lui vrilla les tempes, il crut qu’un peu de terre lui montait sous la peau. L’impression était désagréable, il lui manquait l’accoutumance et une première nausée suivit son effort… Mais, l’alerte passée, il recommença, voulant s’étourdir à tout prix.

Il y avait là des jeunes gens de famille dévoyés, de jolis garçons sans scrupules, des malades, des fous et des malins, avides de réclame. Le mystère dont ces derniers s’entouraient, le mépris qu’ils affichaient pour les « bourgeois « et les femmes, leur faisait une auréole d’étrangeté, et, dans un pays où rien ne surprend plus, ils pouvaient gonfler « esthétiquement » le champignon vénéneux de leur âme.

Plus encore qu’au dîner de Defeuille les attitudes étaient libres et les mises d’une singularité incitatrice.

Chozelle, cependant, avait disparu avec une dizaine de jeunes gens. André restait en